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Selon certaines hypothèses, ce portrait représenterait Richelieu en 1622, peu de temps après qu'il eut été nommé cardinal. Cependant, une comparaison avec des portraits gravés du prélat ne permet pas d'envisager cette possibilité. Si, à certains égards, le portrait peut sembler inachevé - le vêtement suggéré par quelques lignes et le traitement grossier de la barrette, par exemple -, Daniel Dumonstier a su conférer au sujet perspicacité et intelligence.

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En ce début des années 1630, alors qu'il ne lui reste guère qu'une dizaine d'années à vivre, Richelieu est à mi-chemin entre les deux personnages que les peintres ont composés et qui offrent de puissantes ressources à l'imagination. L'évêque, ou jeune cardinal, avait les traits classiques qu'on prêtait alors aux hommes d'Eglise. C'était une posture, une allure générale assez convenue, bien plus qu'un regard � à l'exception toutefois d'une œuvre de ce portraitiste de génie, redécouvert grâce à une belle exposition en 2006, qu'était Daniel Dumonstier et qui avait peint la plupart des -personnalités en vue ou de la cour de France. Dans la seconde moitié du XIX- e siècle, le duc d'Aumale, fils de Louis Philippe, en avait racheté la plus grande partie pour le château de Chantilly. Le portrait dont il est question, acquis auprès d'un marchand anglais, se trouve actuellement au Musée national du Canada. Il n'y a pas de certitude absolue qu'il s'agisse de Richelieu : ce fait reste en effet contesté, bien que Daniel Lecœur, spécialiste de l'artiste, le juge presque certain. Mais au-delà de la ressemblance, qui est forte, de la probabilité, qui est réelle (on ne voit pas de quel autre prélat important il pourrait s'agir), il y a le regard, qui est saisissant, et qui annonce celui des œuvres plus tardives de Philippe de Champaigne. Ce tableau fait le lien entre les deux Richelieu: l'évêque dans son ascension, et le cardinal ministre à son apogée. On y trouve déjà l'homme d'Etat dans son essence, qui a su maîtriser ses passions et les mettre au service de la raison : � De là naît cette tranquillité que vous possédez, et qui paraît sur ce visage, que la crainte ne fit jamais pâlir et que la colère ne put jamais troubler � (Jean-François Senault).

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